Plaines menacées, humanité en péril

Plaines menacées, humanité en péril

Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse
2024-06-19T18:26:00.0000000
2024-06-19T18:31:30.0970000

L’ONU vient de publier un nouveau rapport qui tire la sonnette d’alarme concernant l’état des plaines dans le monde entier. La Saskatchewan ne fait pas exception à la règle. Le réchauffement climatique nous oblige à repenser la terre plus que jamais pour la panser.

Protéger nos prairies : c’est le slogan qu’on peut lire sur le site de Canadian Parks and Wilderness Society Saskatchewan Chapter (CPAWS).

Des mots qui font directement écho à la récente publication de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, laquelle met en garde face au manque de considération de notre patrimoine, à savoir les plaines et leur écosystème.

Pourtant, les plaines sont vitales pour notre survie. « Les choses qui se produisent sur cette Terre façonnent les personnes qui en prennent soin », explique Erin McKnight, éleveuse de bovins dans la région de Sandhills, en Saskatchewan, dans le documentaire Preserving the Prairies, Perspectives From the Sandhills.

Les agriculteurs apparaissent comme les gardiens de ces terres. « Chaque décision est prise pour maintenir un écosystème où le bétail peut se nourrir, et un bétail en bonne santé est un bétail que l’on peut manger », ajoute l’éleveuse.

Des terres en danger

Les prairies de la Saskatchewan font partie d’un immense écosystème continental appelé Grandes Plaines. Une aire qui est aujourd’hui l’un des écosystèmes les plus menacés d’Amérique du Nord.

Le rapport de l’ONU, intitulé Regards et perspectives sur les terres du monde – Rapport thématique sur le pastoralisme et les pâturages, nous alerte quant au retour de bâton à venir : la propagation de la sécheresse.

D’après les auteurs du rapport, démarré à Oulan-Bator, en Mongolie, les pâturages représentent 54 % de l’ensemble des terres de la planète et 50 % d’entre eux sont dégradés.

Par conséquent, cette dégradation mettrait en péril plus de 16 % de l’approvisionnement alimentaire mondial et 33 % du réservoir carbone de la planète. On se rappelle les images choquantes de la terrible sécheresse prolongée, survenue entre 2018 et 2022, dans le sud de Madagascar.

S’il fallait choisir une image pour exprimer la grandeur de ces enjeux, on pourrait choisir les dolines, ces trous béants qui se multiplient depuis quelques années sur des terres agricoles fertiles du sud de la Turquie.

Ce gruyère grandeur nature survient quand les nappes phréatiques sont surexploitées. L’absence de pluie et la sécheresse obligent bien souvent les agriculteurs à puiser alors dans les nappes phréatiques pour irriguer leurs champs.

Pourtant, plus d’un agriculteur serait d’accord pour dire que la terre donne naturellement tout ce qu’il faut ! Alors, avons-nous été sages ?

Certains utilisent justement leur relation à la terre pour faire une différence. « Il faut toujours être prêt à s’adapter, à changer ses pratiques pour être en mesure de continuer pour les générations à venir », souligne Moriah Andrews, résidente d’Islet, en Saskatchewan, une autre protagoniste du documentaire Preserving the Prairies, Perspectives From the Sandhills.

Pour d’autres, le réchauffement climatique et la mauvaise gestion des terres appellent à trouver des coupables. L’autrice Fred Vargas, dans L’humanité en péril, paru en 2019, fustige et dénonce.

« Depuis trente ans, ils savaient. Les gouvernants, les industriels savaient… Que leur folle ruée vers l’Argent et la croissance était meurtrière ! Tout est aujourd’hui dévasté, le climat, les sols, les eaux, la faune, les forêts », écrit-elle.

Aujourd’hui, l’ONU dénonce une disparition des plaines au niveau planétaire qui se fait dans le silence. Surexploitation, mauvaise utilisation des terres, perte de biodiversité. Tous ces éléments représentent une grave menace pour la chaîne alimentaire. La terre est plus qu’un héritage, elle est une ressource indispensable à notre survie.

La communauté agricole de la Saskatchewan, elle, se retrousse les manches tous les jours pour préserver cet équilibre fragile. « Il faut s’occuper de ce que l’on a. Parce qu’une fois que c’est parti, c’est parti pour toujours », exprime CPAWS.

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